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L’importance des semences

En achetant des semences pour la première fois il y a quelques années, j’étais étonnée de découvrir les variétés de tomates, fèves, carottes, concombres… Pour ne nommer que quelques aliments connus, car j’en ai aussi découvert des nouveaux, comme l’épinard-fraise!

Je vous mets au défi : combien de variétés de carottes pouvez-vous nommer? Avant de jardiner, j’aurais eu du mal à en nommer deux.

Pourtant, en parcourant quelques boutiques en ligne de semenciers québécois, on peut facilement en trouver une quinzaine, dont des carottes blanches (la Blanche de Küttingen) ou mauves (la Dragon). 

Variétés de courges d’hiver : Blue Hubbard, Buttercup (poivrée), Butternut (musquée) et potimarron
Crédit : Courtoisie Les Jardins de la résilience

Pourquoi sont-elles méconnues? 

L’industrie alimentaire a favorisé les variétés de fruits et légumes qui se conservent le plus longtemps, et résistent le mieux à la manutention, notamment, afin qu’ils soient toujours attirants une fois arrivés sur les étalages. N’oublions pas qu’actuellement, les aliments consommés au Québec parcourent en moyenne quelques milliers de kilomètres!

Pourquoi sont-elles importantes? 

Cela a mis de côté toute une diversité de variétés, parfois mieux adaptées à notre climat, ou plus résistantes face aux insectes ravageurs par exemple, et qu’on gagne à préserver. 

« La biodiversité alimentaire, c’est-à-dire les différences d’une variété de culture à l’autre, est la principale ressource qui permet à notre système alimentaire de s’adapter au changement. […] Il y a un siècle, des millions de jardiniers et d’agriculteurs conservaient les variétés végétales vivantes en récoltant leurs semences. Ils ont reproduit des milliers de «variétés patrimoniales» ou «variétés ancestrales» années après années dans le cadre de la pratique agricole traditionnelle. Mais à l’époque moderne, les gens ont cessé de conserver leurs propres semences, laissant le travail à des semenciers et à des banques de gènes. » – Semences du patrimoine (semences.ca) 

75% de la biodiversité alimentaire mondiale a ainsi disparu au cours des 100 dernières années. 

Comment contribuer à leur conservation?

Si vous prévoyez jardiner, pourquoi ne pas tenter le coup avec ces variétés méconnues? On les appelle parfois les semences ancestrales, patrimoniales ou héritage (heirloom en anglais). 

Comme le décrit si bien l’illustratrice agroalimentaire Laucolo « ces synonymes décrivent des semences qui appartiennent au domaine public, sont à pollinisation libre (se reproduisent à l’identique d’année en année) et sont cultivées par au moins une génération (50 à 100 ans). Ces semences sont essentielles au maintien de la biodiversité génétique alimentaire et sont généralement conservées par des familles, des communautés ou des organisations dédiées à cette cause. »

En vous renseignant auprès de votre centre jardin ou de semenciers, vous trouverez assurément des variétés étonnantes, adaptées aux conditions de votre jardin (ensoleillement, en pleine terre ou en pot, date du dernier et premier gel, etc.) 

Le jardinage ne vous interpelle pas? Vous pouvez aussi contribuer au maintien de ces variétés en vous approvisionnant auprès de maraîchers locaux. Ils sont de plus en plus nombreux à faire redécouvrir des variétés délicieuses et colorées à leur clientèle! 

Pour aller plus loin : une petite suggestion de documentaire! 

La guerre des graines, réalisé en 2014. On y apprend, entre autres, comment quelques* multinationales contrôlant plus de la moitié du marché des semences se sont imposées par le biais de brevets et de redevances, et leurs impacts sur les agriculteur·rice·s à travers le monde. Il est disponible gratuitement à cette adresse : blog.francetvinfo.fr/guerre-des-graines/

* Cinq au moment de la réalisation du documentaire, trois en 2017.

Liens pertinents : 

La biodiversité alimentaire par Semences du patrimoine

L’illustratrice Laucolo

Liste de semenciers québécois

Reportage sur le contrôle des semences

Rermerciements

Cette chronique originalement parue dans l’édition de mai 2022 du journal L’Écho du Lac, a été rendue possible grâce au Fonds d’aide au développement du milieu de la Caisse Desjardins de Charlesbourg, dans le cadre du projet Nourrissons la transition. Nous les en remercions!

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